3700 élèves sont entrés dans le dispositif Calais territoire bilingue
Article de Marie Jousseaume
La présidence française de l’Union européenne a été l’occasion pour la rectrice de l’académie de Lille de mettre en avant le dispositif Calais territoire bilingue.
Un projet initié en 2019
De la descente en rappel des drapeaux, dont celui de l’Union européenne, aux intermèdes musicaux des élèves du lycée Sophie-Berthelot, impossible de rater le thème de la présidence française de l’Union européenne, qui a été l’occasion de remettre en avant le dispositif Calais territoire bilingue, « un projet emblématique initié en 2019, le seul en France », pour la rectrice de l’académie de Lille, Valérie Cabuil. « L’anglais ouvre des portes, en Europe, pour l’emploi. Les élèves de Calais méritent ce petit plus », a-t-elle déclaré.
Enseigner en anglais
Concrètement, le principe de ce dispositif est de mettre l’anglais au cœur de l’enseignement : enseigner en anglais, plutôt que d’enseigner l’anglais. Et ça commence dès la maternelle, pour s’achever au lycée. « L’idée, c’est de faire en sorte que tous les jeunes soient bilingues à la fin de leur scolarité ». Dans la pratique, ça se traduit par des enseignements en français et en anglais. Avec pour objectif d’arriver à du 50 % de cours en anglais en petite section (ils sont à 30 % actuellement), puis à un tiers d’enseignement en anglais pour les niveaux suivants, y compris dans les classes du secondaire. Pour le moment, 3 700 élèves sont concernés, de la petite section au CP, avec 180 professeurs en maternelle et 80 en CP.
Des certifications officielles
La rectrice se dit « très admirative du travail qui a été fait pendant le confinement. Aujourd’hui on avance vite ». Les enseignants sont accompagnés et formés par le British Council. Ensuite, vient la certification. Au collège et au lycée, cela se traduit en DNL (discipline non linguistique), qu’on retrouve déjà dans les filières européennes. « En ce moment, il y a plein de lancement de projets en anglais, pour s’acclimater », confirme Thouraya Abellatif, directrice académique adjointe. Maths, physique, histoire… « L’idée c’est de monter en puissance en nombre de disciplines qui vont être enseignées en langue étrangère et en nombre de professeurs formés. On souhaite pouvoir fournir aux élèves une certification officielle : B1, B2, à la fin du collège, C1 à la fin du lycée, qui sera valorisée sur le marché du travail. À terme, un employeur doit se dire : “tu as fait ta scolarité à Calais, alors tu sais parler anglais” », précise la rectrice.
Un projet pour tous les publics
Le fait que ce projet soit mené sur un territoire qui compte des établissements prioritaires ne gâche rien : « On a souvent des projets d’immersion qui sont plutôt dans des écoles et des milieux de centre-ville. Là on est sur l’ensemble du territoire. Il n’y a pas de sélection. C’est pour tous les élèves du public. C’est une spécificité du projet à laquelle on tient ». Le projet est suivi par des universitaires de Lille, comme Séverine Casalis, professeur de psychologie cognitive et de psycholinguistique. « La recherche peut avancer avec une
situation d’immersion de public bilingue diversifiée, on va pouvoir suivre comment se fait l’apprentissage de la lecture, le développement du vocabulaire, etc. »
La Ville de Calais a aussi des propositions
La Ville de Calais s’était déjà emparée du sujet, avec l’ouverture en 2017 de l’école des langues au centre Calais Cœur de vie, qui permet, entre autres, des journées d’immersion pour les élèves du CP au CM2, mais pas que. « 6 861 élèves ont été accueillis », indique Henri Waroczyk, conseiller municipal délégué, qui a aussi évoqué le label Cité éducative. « Avec la Maison du numérique, on peut par exemple découvrir Londres en réalité virtuelle, en anglais ». La médiathèque est aussi bien dotée en ouvrages bilingues.
Des enseignants en cours de formation
On compte actuellement 300 enseignants du premier degré en formation continue avec les formateurs de circonscription, et 23 professeurs sont engagés cette année pour obtenir la certification complémentaire en deux ans.